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L’effet suspensif dans la poursuite pour dettes : une garantie essentielle pour les débiteurs

Dans le domaine complexe de la poursuite pour dettes, il est primordial de comprendre les mécanismes destinés à protéger les droits du débiteur. L’un de ces mécanismes clés est l’effet suspensif, une disposition légale qui peut temporairement interrompre le déroulement d’une procédure de poursuite. Cet article explique ce qu’est l’effet suspensif, son utilité, les cas où il peut être accordé ainsi que les conditions de son application.


Qu’est-ce que l’effet suspensif et à quoi sert-il ?


L’effet suspensif désigne l’interruption temporaire des conséquences juridiques ou de l’exécution d’une décision ou d’une mesure contestée dans une procédure de poursuite.Son objectif principal est d’éviter des conséquences irréversibles et de protéger les droits des parties, en particulier du débiteur, pendant qu’une plainte ou un recours contre un acte de poursuite est examiné.


Sans effet suspensif, la procédure pourrait avancer – par exemple par la vente de biens – même si l’acte contesté s’avérait ensuite entaché d’irrégularités. En cas d’annulation ultérieure, revenir en arrière serait difficile, voire impossible. L’effet suspensif garantit donc qu’un contrôle juridictionnel puisse avoir lieu sans préjuger de la décision finale. La décision attaquée reste inopérante jusqu’au prononcé sur la plainte ou le recours.


Cas dans lesquels l’effet suspensif peut être accordé


L’application de l’effet suspensif dans la poursuite pour dettes relève de deux grandes catégories :


  1. Suspension discrétionnaire (art. 36 LP)En règle générale, les plaintes, recours et appels n’ont pas d’effet suspensif automatique. Il doit être expressément ordonné par l’autorité de surveillance ou par son président.Cette règle vaut notamment pour les plaintes fondées sur les art. 17 et 18 LP et vise à éviter que des recours soient utilisés uniquement pour retarder la procédure.

  2. Suspension automatique (art. 66 al. 1 ORFI)Exception importante : la plainte contre l’adjudication (vente aux enchères) d’un immeuble bénéficie d’un effet suspensif de plein droit.Dans ce cas, l’office des poursuites doit différer l’inscription du transfert de propriété au registre foncier tant que toutes les plaintes n’ont pas été définitivement tranchées.Cette protection est essentielle vu le caractère irréversible du transfert immobilier.


La Loi sur la poursuite pour dettes et la faillite (LP) prévoit en outre des règles particulières pour certaines procédures sommaires en matière de droit des poursuites, par exemple pour les jugements de faillite, les décisions relatives à la mainlevée d’opposition au séquestre ou l’octroi/homologation d’un sursis concordataire.


Conditions d’octroi de l’effet suspensif


Lorsque l’effet suspensif n’est pas automatique (art. 36 LP), son octroi dépend de plusieurs critères :


  1. Pouvoir d’appréciation – L’autorité de surveillance décide librement d’accorder ou de refuser l’effet suspensif et en informe immédiatement les parties.

  2. Mise en balance des intérêts – Elle doit peser l’intérêt à poursuivre la procédure contre la nécessité de maintenir le statu quo.

  3. Chances de succès – Le recours ne doit pas paraître manifestement infondé ; le recourant doit présenter des arguments plausibles.

  4. Risque de préjudice irréversible – L’exécution immédiate doit risquer de rendre la décision future inopérante, notamment en cas de réalisation ou distribution de biens.

  5. Portée limitée – L’effet suspensif peut être partiel et ne viser que certains aspects de la décision contestée.

  6. Moment de la demande – Il peut être sollicité même après le dépôt initial de la plainte ou du recours.


À noter que si la plainte est finalement admise, l’annulation de la décision attaquée produit un effet ex tunc (rétroactif) : la décision est réputée n’avoir jamais existé, même si aucun effet suspensif n’avait été accordé au départ.


Conclusion


L’effet suspensif joue un rôle essentiel pour garantir l’équité et le respect de la procédure dans les poursuites pour dettes. S’il doit en principe être demandé expressément, il est accordé automatiquement dans certaines situations particulièrement lourdes de conséquences, comme l’adjudication d’un immeuble.

Pour des débiteurs invoquer l’effet suspensif peut être déterminant pour contester un acte de poursuite irrégulier — par exemple une notification par voie de publication alors que son adresse était aisément identifiable — et empêcher l’exécution de mesures susceptibles de compromettre irrémédiablement ses droits.


Savoir quand et comment requérir l’effet suspensif constitue donc une étape clé pour toute personne confrontée à une procédure de poursuite.

 
 
 

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